Un billet d’Anthony Panetto m’a permis de découvrir la vidéo ci-dessous consacrée à l’intelligence artificielle (IA) dans le secteur du doublage. Je vous la recommande, car elle soulève des points extrêmement pertinents.
Je soutiens à 100 % les comédiens de doublage qui se voient, comme les traducteurs dont je fais partie, peu à peu mis au placard au profit de machines. Pourquoi ? Afin de générer encore et encore plus d’argent. Le tout, au détriment :
de la qualité.
de l’éthique.
du respect des spectateurs, utilisateurs et lecteurs.
Je souhaiterais partager avec vous trois citations de cette vidéo :
Étienne Deshoulières, avocat en propriété intellectuelle et nouvelles technologies
« Pour créer un algorithme d’intelligence artificielle, il est nécessaire de scanner un très grand nombre de sites web et donc d’utiliser des données personnelles de millions, peut-être même de milliards de personnes. Les personnes qui font ça n’ont pas l’autorisation des personnes concernées et donc créent, sur une base illégale, des algorithmes d’intelligence artificielle. »
👉🏻 Comment peut-on vanter les mérites de l’IA, voire la porter aux nues, si, à la base, elle ne respecte pas les lois ? Ça ne vous choque pas ?
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Misterfox, youtubeur spécialisé dans le doublage français
« On rêvait des robots qui nous remplaceraient sur des tâches pénibles, et qu’on aurait plus de temps à consacrer aux choses de l’esprit, aux choses qu’on ne peut pas robotiser : l’art, etc. Aujourd’hui, on vit dans un monde où on cherche à tout prix à robotiser les métiers artistiques. »
👉🏻 Je fais cette (triste) constatation tous les jours. On se contente d’appuyer sur un bouton pour obtenir des traductions médiocres, ou de se tourner vers ChatGPT pour rédiger un article. Et notre cerveau, on l’utilise quand ? C’est quoi le but, vivre plus longtemps, mais sans plus faire fonctionner nos neurones ?
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Pascale CHEMIN, comédienne de doublage
« Comment des gens professionnels peuvent penser qu’un public va gober ça ? Mais c’est prendre les gens pour des cons ! »
👉🏻 Netflix et compagnie génèrent des millions en proposant du contenu parfois lamentablement sous-titré (cf. tous les débats autour de Squid Games, par exemple), ou doublé par des voix de synthèse. Malgré cela, on paie chaque mois nos abonnements aux plateformes. La tolérance à la médiocrité s’accroît-elle ?
Alors, on continue d’accepter tout ça avec fatalisme, ou on se mobilise vraiment ?
PS : À tous ceux qui pensent que la traduction peut être pleinement (et librement) automatisée dans l’audiovisuel (et dans d’autres secteurs), je vous invite à lire cet article rédigé, lui aussi, par Anthony Panetto. Vous y comprendrez, j’espère, que l’emploi de la traduction automatique appauvrit langue et créativité, en plus de poser de sérieux problèmes juridiquement parlant.