Le louchébem est 𝗹’𝗮𝗿𝗴𝗼𝘁 des bouchers français.
Inventé au XIXe siècle au marché des Halles de Paris et inspiré de l’argot des brigands (lui-même appelé « 𝗹𝗮𝗿𝗴𝗼𝗻𝗷𝗶 »), il permettait aux bouchers de parler entre eux des clients sans s’en faire comprendre.
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Voici comment ce langage fonctionne :
1️⃣ On remplace la première lettre du mot par un L.
2️⃣ On place cette première lettre à la fin du mot.
3️⃣ On accole ensuite un suffixe, variable, à la suite (-𝘦𝘮, -𝘰𝘤 ou -𝘮𝘶𝘤𝘩𝘦, entre autres).
➡️ Prenons le mot « boucher » :
On remplace la première lettre par L.
👉🏻 On obtient « louché ».
On déplace le B à la fin du mot.
👉🏻 On obtient « louchéb ».
On ajoute le suffixe -em.
👉🏻 On obtient... « louchébem », qui a donné son nom à cet argot !
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L’écrivain Raymond Queneau a fait usage du louchébem dans son livre 𝘌𝘹𝘦𝘳𝘤𝘪𝘤𝘦𝘴 𝘥𝘦 𝘴𝘵𝘺𝘭𝘦 publié en 1947.
En voici un extrait :
« Un lourjingue vers lidimège sur la lateformeplic arrière d’un lobustotem, je gaffe un lypètinge avec un long loukem et un lapeauchard entouré d’un lalongif au lieu d’un lubanrogue. »
𝗧𝗥𝗔𝗗𝗨𝗖𝗧𝗜𝗢𝗡 : Un jour vers midi sur la plateforme arrière d’un (au)tobus, je gaffe [regarde avec attention] un type avec un long cou et un chapeau entouré d’un galon au lieu d’un ruban.
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Deux termes du français courant viennent du louchébem :
👉🏻 En loucedé (pour « en douce »)
👉🏻 Loufoque (pour « fou »)
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Un traducteur automatique français > louchébem existe. Vous le trouverez ici.
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Je vous conseille également la lecture du passionnant article de Françoise Mandelbaum-Reiner, Secrets de bouchers et largonji actuel des louchébèm, disponible à cet endroit.
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Cet argot savoureux et intrigant au premier abord tend malheureusement à disparaître. Je vous ai tout de même préparé un petit glossaire : on ne sait jamais, votre boucher fait peut être partie des rares à le pratiquer encore...
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